Société

Adulte : une option personnelle?

Publié dans le Journal de rue du mois de janvier 2011.

Adulescents : Appellation qui désigne ces jeunes adultes ludiques qui souhaitent retomber dans l’univers rassurant de leur enfance. Ils se remémorent ainsi de bons souvenirs et s’ils n’ont pas eu l’occasion de vivre une enfance dite idéale, ils la recréent selon leurs goûts. Vivre cette phase deux fois ou se laisser une chance de la reprendre, en voilà une drôle d’idée!

Population stagnante

Une nouvelle génération rigolote ou plutôt inquiétante? Tout dépend de notre point de vue. Toujours est-il que cette régression infantile suscite des critiques provenant d’auteurs qui analysent ce phénomène. Ils en viennent à qualifier ce regroupement social d’être grégaire, incrédule, un peu insouciant quoi… Des gens qui n’ont pas de connaissance de l’actualité, qui ont des rapports sociaux futiles et qui sont des consommateurs hors pair. Cette réalité nous fait prendre conscience d’un fait : les jeunes adultes en ont marre de prendre la vie au sérieux. On rejette l’autorité traditionnelle, car elle est maintenant synonyme d’ennui. Les adulescents ne veulent plus s’émanciper pour subvenir à leur existence et ils désirent rester jeunes le plus longtemps possible. C’est compréhensible! Les adolescents sont montés sur un piédestal, ils sont prioritaires dans la société. Il n’y a plus de délimitations entre ce qui formait auparavant deux groupes d’âges distincts. Ils se rejoignent étant donné qu’ils ont le même intérêt musical, qu’ils arborent le même style vestimentaire… On prévoit l’avènement d’une classe 15-30 ans. Bizarre, non?

Adulescents typiques

Ils ont entre 25 et 35 ans. On exige d’eux une carrière prometteuse, un statut social et beaucoup de responsabilités. Les adulescents compensent en trouvant dans les gadgets technologiques ou des objets évocateurs de leur enfance une sorte de réconfort contre les tracasseries du quotidien. Cependant, comme le mentionne Michel Claes, spécialiste de l’adolescence : « un certain nombre de gestes sociaux qui permettaient d’accéder à l’âge adulte ont disparus. » On étudie plus longtemps, on travaille plus tard faute de trouver un emploi, le mariage a perdu son image prépondérante et les Québécoises ont en moyenne leur premier enfant à 28 ans. Maintenant, on doit vivre des évènements symboliques comme le décès d’un proche ou la parentalité pour se sentir adulte.  Donc, il n’y a plus d’âge donné pour cette étape. C’est une autre réalité pour les jeunes provenant des pays pauvres. Ils n’ont nul autre choix que de commencer à travailler tôt pour subvenir aux besoins de leur famille ou être autonome financièrement pour ne plus être un fardeau pour leurs proches. Le milieu socioéconomique influence grandement la durée de l’adolescence. Ici, les enfants sont chouchoutés, alors ils travailleront forcément plus tard.

Évolution du phénomène

En 2006, selon Statistique Canada, 43,5 % des 4 millions de jeunes canadiens âgés de 20 à 29 ans demeuraient toujours chez leurs parents. En 2001, c’était 41,1 % et en 1986, ils étaient seulement 32,1 %. Au Québec, chez les 19-25 ans plus du deux tiers vivent avec leur famille, tandis qu’entre 25 et 29 ans c’est près de la moitié qui restent sous le même toit que les parents. Il y a également les enfants boomerang qui sont de jeunes adultes qui retournent dans le nid familial après avoir eu une période de vie autonome. En 2001, le quart des parents canadiens habitaient avec un enfant qui est revenu vivre dans le domicile parental. La précarité des emplois, l’augmentation des loyers et les séparations sont généralement les motifs de ce retour.

Rassurez-vous, il est impossible d’être un adulte intégral puisque les vertus et les exigences qui le qualifie sont inaccessibles! Se connaître, accepter sa mort, être autonome  matériellement ainsi qu’au niveau affectif, tolérer de ne pas être aimé de tous et être vrai ne sont que quelques exemples qui composent un adulte équilibré. Refuser d’être adulte ou le devenir complètement est irréaliste en soi. Nous sommes tous des adulescents, à divers degrés. Il ne faut pas oublier que dans le fond, « un adulte est un enfant gonflé d’âge » (Simone de Beauvoir). Reste à savoir si les générations ultérieures perpétueront cette mode ou s’ils y mettront un terme?

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3 commentaires

  1. Joannie Roy a dit :

    J’adore cet article, je trouve que ton approche du sujet est différente des autres.Je comprends mieux ce phénomène maintenant.

  2. Emmy a dit :

    Un article franchement intéressant. Un thème qui nous fait assurément sourire. Du vrai, beaucoup de vrai. Je vous félicite pour votre parution, Madame Quirion.

  3. Andrée a dit :

    Votre article percutant démontre une recherche approfondie sur le sujet. Les parents sont en partie responsables de cet état de fait . Mais la note d’espoir que vous ajoutez à la fin de l’article sur l’attitude des futures générations montre que l’effet balancier se fera sentir comme toujours depuis des siècles …Les nouveaux parents , conscients de la situation ,sauront doser leur éducation pour aider leurs enfants à développer une certaine indépendance et à prendre leurs responsabilités . Bravo pour votre article !

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